Discussion, jeudi 3 novembre : A l’assaut d’un ciel ombragé ?

 

Jeudi 3 novembre 18h, discussion : A l’assaut d’un ciel ombragé ?

  Quiconque cherche à saisir les conditions de possibilités de toute hypothèse révolutionnaire aujourd’hui doit, tôt ou tard, nécessairement formuler l’ensemble des problèmes avec clarté, afin de pouvoir les affronter. Remonter le fil de la critique radicale et révolutionnaire jusqu’à un passé récent, mais aussi se pencher sur les soulèvements et révoltes généralisées des dernières années ici et à l’international, pourrait alors permettre de faire un pas dans ce sens. Non pas dans l’intention d’y puiser des réponses toutes faites et encore moins des « solutions », mais pour commencer modestement à poser les questions, sans attendre la prochaine insurrection.
Si d’un côté, sans révolte généralisée on ne peut commencer aucune véritable transformation des rapports sociaux, de l’autre, quand celle-ci éclate et se répand comme une traînée de poudre, arrive un moment où elle se trouve arrêtée dans son élan. Mais, tout d’abord, quand peut-on parler d’une révolte « généralisée » ? Et surtout comment, en tant qu’anarchistes, participer à sa généralisation ? Ensuite alors, comment la faire durer et l’étendre, comment arriver au « deuxième assaut » , c’est-à-dire à ce passage qui se situe sur le terrain de l’irréversible – le moment à partir duquel on ne peut plus, même si on le voulait, revenir en arrière ? Si le funèbre retour à la normalité est bien souvent imposé par les capacités répressives de l’État, n’est-ce pas aussi la conséquence des difficultés à ancrer cette révolte aussi bien dans le temps que dans l’espace ? Certains avanceront alors que pour liquider l’ordre des choses, les révoltés ont besoin à un moment d’une « conception positive » de la vie qu’ils veulent vivre, ou que ce qui rend une révolte contagieuse c’est sa profondeur, c’est-à-dire le fait qu’elle devienne un « exemple vivant ». Pour d’autres le fait de se préoccuper de cette « conception positive » ce serait se projeter dans un « après » lointain, et que ce qui importe avant tout c’est d’aller toujours plus loin dans la destruction de l’ordre en place. Comment envisager d’abattre sans compromis et sans transition l’économie capitaliste et la société industrielle, quand ce sont les branches sur lesquelles nous sommes assis, sans céder aux chantages que les difficultés que cela implique nous réservent ? Peut-on aujourd’hui encore placer automatiquement la subversion comme un appendice des actes de destruction, et se fier à l’idée que par cette seule destruction, la conflictualité sociale actuelle tende vers un néant qui serait antithétique au néant produit par le capitalisme ? Peut-on encore penser, comme un compagnon hier, qu’un processus de renversement total du Vieux Monde consisterait dans un même mouvement en une « destruction sans résidus actifs et en une fécondation de la fantaisie qui crée et remplit de matière de nouvelles formes de vie » ? Si cette tâche destructrice et la passion qui l’anime n’ont pas été réduites à de simples velléités virtuelles, et que la fantaisie n’a pas totalement disparu suivant le rythme de la disparition des espèces, comment cela peut-il s’incarner plus concrètement dans l’état actuel du monde ?
Voilà le type de questionnements, parmi de nombreux autres, qui discutent dans des brochures comme Le mot et la chose. A propos de projet révolutionnaire et Ah, comme il est urgent de démolir !, et que l’on retrouve aussi dans Plus de deux mois de révolte contre l’État du Chili : bilans rapides, projections instinctives et négations permanentes (disponibles à la bibliothèque, ou téléchargeables en cliquant sur les titres ci-dessus). Des interrogations et des pistes qui pourraient gagner en consistance : libre comme toujours à chacun de se les approprier, d’en débattre et de les prolonger, par exemple à l’occasion, nous l’espérons, de cette discussion.

 

Pour imprimer et faire tourner le flyer, c’est ici.

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