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L’invasion russe de son Etat voisin ukrainien il y a 2 ans, moment clé dans un conflit armé qui se déroule depuis 2014, a fracturé le voile de paix que les européens aimaient célébrer depuis les deux premières boucheries mondiales. Une paix qui ne devait son nom que par l’absence de combats symétriques entre armées dans ces contrées. Le seul exemple de l’État français démontre que la paix ici est l’extension de la guerre ailleurs ; pas loin de deux cents opérations militaires hors des frontières menées depuis 1945 sans oublier les années de guerres pour tenter de conserver ses colonies, 3ème exportateur mondial d’armements, formateur en continu d’armées dans le monde pour contrer les mouvements insurrectionnels… L’opération de destruction et de punition collective à coups de bombes menée à Gaza contient du savoir-faire bien français.
La guerre commence ici, dans les « paisibles » contrées démocratiques où, plus ou moins comme ailleurs, la dévastation et l’exploitation de la terre et des êtres vivants, l’enfermement et l’élimination des récalcitrants à l’ordre social et l’expulsion des indésirables sont les éléments qui composent l’autre face de la guerre menée à l’intérieur par les Etats et les puissants. Pour mener leurs guerres, les ingrédients matériels et culturels sont constamment préparés et mobilisés avec plus ou moins d’intensité : les armes sont produites, les armées entraînées, le sentiment national inculqué pourra glisser vers la défense de la patrie face aux étrangers, l’allégeance à l’État pourra devenir un devoir de sacrifice, le travail et les infrastructures pourront être totalement orientés vers l’effort de guerre.
Les derniers discours venus du gouvernement déclinent le thème du réarmement à tous les niveaux. L’uniforme à l’école et le SNU obligatoires, la restructuration énergétique par la course aux ressources et le développement du nucléaire, le durcissement de la répression des migrant-e-s et des révolté-e-s, l’adaptation de l’économie au changement climatique, l’injonction à la procréation ou la mise au travail des improductifs sont présentés comme des mesures cohérentes pour le « réarmement de la Nation face au dérèglement du monde ». Cela passe évidemment par l’accroissement de la production d’armes, un domaine qui est devenu une priorité au niveau européen et qui marque une tendance assumée de la part des Etats à la militarisation pour affronter les temps à venir.
Face au spectre de la guerre généralisée, de la « fin des temps » ou du fascisme rampant, on se passera des appels à mettre de côté ses idéaux ou à participer avec zèle à ce qui sera perçu comme un moindre mal pour éviter le pire. Face aux vieilles recettes et aux nouvelles élaborations pour faire perdurer cette société de la domination et de la dévastation, il est toujours temps d’agir. Nous pouvons nous appuyer sur des idées et des expériences développées par les opposant-e-s aux Etats et à leurs guerres au fil du temps. Que ce soit par l’internationalisme en soutenant les déserteurs et en faisant tomber les frontières dans les combats pour la liberté, le sabotage de l’union nationale en soutenant les révoltes sociales ou la visibilisation et l’attaque directe des rouages de la guerre partout où ils existent. Nous pouvons sans doute en imaginer d’autres et se poser quelques questions. Quelles perspectives de luttes voulons nous porter aujourd’hui ? Comment voulons nous intervenir avec toujours à coeur de changer radicalement ce monde ?
Une petite sélection de textes choisis pour nourrir la discussion est déjà disponible à la bibli. A lire aussi la présentation d’un espace d’organisation et de discussions contre toutes les guerres qui vient de s’ouvrir à Toulouse, ainsi que l’appel international à saboter la guerre publié il y a quelques mois par des anarchistes depuis l’Italie.
Prochainement à la bibli (RDV à préciser) :
- Retours sur l’insurrection en Albanie de 1997
- Y a-t-il des guerres justes ? sur les justifications de la guerre
- InfoKiosK de printemps le jeudi 21 mars
- Autour du livre « Nature et anarchie » (disponible à la bibli)