Nouveautés livres et bulletins disponibles depuis septembre à la Bibliothèque anarchiste Libertad :
— Face à face avec l’ennemi, Severino Di Giovanni et les anarchistes intransigeants dans les années 1920-1930 en Amérique du Sud, co-édition de Tumult & L’Assoiffé (Bruxelles/Marseille), août 2019, 560 p. – 8 euros
Argentine, années 1920. Le vaste pays est en plein essor industriel et des milliers d’émigrés de partout débarquent dans le port de Buenos Aires. Ils y trouvent d’importantes agitations sociales, comme celle pour la libération des anarchistes Sacco et Vanzetti condamnés à mort, et un climat marqué par d’innombrables grèves, boycotts, sabotages et émeutes. C’est là qu’un anarchisme intransigeant va naître et faire violemment irruption dans la rue. En dehors des vastes organisations libertaires établies depuis des décennies, des anarchistes vont empoigner la plume pour appeler à l’action et le revolver pour vider les coffres des banques. Ils vont mettre la main à la mèche pour faire résonner la voix de la dynamite et à la pelle pour creuser des tunnels afin de libérer leurs compagnons incarcérés. Ils se tacheront les mains d’encre pour éditer des livres et mélangeront les acides pour faire sauter les socles de la société. Ils tireront à bout portant sur les tortionnaires et rejoindront, le journal et la marmite explosive dans le sac, les grèves et les agitations de rue. Mais surtout, ils vont réunir l’idée et l’action, la conscience et l’attaque, le cœur vibrant et la main décidée dans un formidable assaut contre la société autoritaire et capitaliste.
En suivant les traces de l’un d’entre eux, Severino Di Giovanni, ce livre fait revivre les parcours de dizaines d’anarchistes qui se sont battus jusqu’à leur dernier souffle contre tout ce qui représente le pouvoir, pour la liberté et l’anarchie.
— Incognito, Expériences qui défient l’identification, ed. Mutines Séditions (Paris), septembre 2019, 140 p. – 5 euros
Mutines Séditions nous propose une édition augmentée d’Incognito. Initialement paru outre-Alpes en 2003 puis traduit en français en 2011, Incognito avait fait l’objet d’une seconde édition italienne dix ans plus tard, avec un texte concernant une expérience de clandestinité supplémentaire, tandis qu’un autre était revu et une introduction rajoutée. Trois compléments qui ont été l’occasion de procéder à cette réédition francophone dans un format et une couverture différents.
La dizaine de témoignages anonymes recueillis ici concerne donc « cette dimension parallèle où même ce qui peut être dit, souvent ne l’est pas », à l’heure où la condition de clandestin devient le sort d’une partie plus importante de la population. Pour fuir la misère comme la répression, pour continuer la lutte depuis un ailleurs qui peut aussi être tout près, pour échapper à une lourde condamnation ou à une surveillance étouffante. Si les voix qui le composent sont avant tout individuelles et variées –d’un compagnon qui va passer quinze années au vert en multipliant attaques et braquages à une compagnonne partie des années avec sa fille pour la voir grandir ou un exilé d’Algérie qui va devoir affronter exploitation et racisme en Italie–, on y parle passage de frontières, débrouille et déplacements loin des projecteurs, et de la question de l’identité : comment effacer ses traces sans se perdre soi-même ?
Comme le conclut le nouveau témoignage traduit, un des objectifs de ce petit livre est aussi que ces expériences réelles puissent être réappropriées plus largement au sein du mouvement, et que la question de la mise au vert y soit abordée de façon plus conséquente : « je considère indispensable que la question de la cavale et le fait d’y être préparés devienne un sujet de discussion bien présent parmi les compagnons : la réserve et la discrétion sont bien entendu de nobles qualités, mais la peur des oreilles de l’ennemi et la projection sur la soi-disant ingénuité de ceux que nous avons en face ne peuvent à eux seuls justifier de déserter certaines discussions et pratiques… Il se peut que le fait même d’en débattre dans certaines assemblées, ou même seulement dans les pages des publications « du mouvement » puisse déjà être en soi un encouragement à échanger certaines connaissances et savoirs, ce qui mettrait un peu fin à ces lignes, et que ces derniers pourraient être utiles à ceux qui un jour, quelque part et pour différentes raisons, décident de disparaître. »
— Sante Caserio, Ce fut mon coeur qui prit le poignard, ed. L’assoiffé (Marseille), septembre 2019, 310 p. – 8 euros
« Au moment où les derniers cavaliers de l’escorte passaient en face de moi, j’ai ouvert mon veston. Le poignard était, la poignée en haut, dans l’unique poche, du côté droit, à l‘intérieur sur la. poitrine. Je l’ai saisi de la main gauche et d’un seul mouvement, bousculant les deux jeunes gens placés devant moi, reprenant le manche de la main droite et faisant de la gauche glisser le fourreau qui est tombé à terre sur la chaussée, je me suis dirigé vivement mais sans bondir, tout droit au président, en suivant une ligne un peu oblique, en sens contraire du mouvement de la voiture.
J’ai appuyé la main gauche sur le rebord de la voiture, et j’ai d’un seul coup porté légérement de haut en bas, la paume de la main en arrière, les doigts en dessous, plongé mon poignard jusquà la garde dans la poitrine du président. J’ai laissé le poignard dans la plaie et il restait au manche un morceau de papier du journal
En portant le cou, j’ai crié, fort ou non, je ne puis le dire: « Vive la Révolution« . »
— Ni or ni maître. Montagne d’or et consorts, ed. du couac, septembre 2019, 192 p. – 4 euros
Avec l’intention de nuire à la Montagne d’or et au monde qui en a besoin, cet ouvrage est écrit par des individus profondément hostiles à toutes formes d’autoritarisme. C’est avec cette sensibilité que sont abordés la conquête du sous-sol de la Guyane réputée riche en or, son sol, sa géographie, ses populations et multiples réalités sociales.
Voyageant de ronds-points en villages, de bureaux d’études en sites miniers, c’est une part de ce pays et de ses complexités qui tente d’être mise en mots avant de tirer les fils d’un entrelacs macabre : ceux de l’extraction minière qui s’intensifie sur ce territoire.
— Avis de tempêtes, bulletin anarchiste pour la guerre sociale, numéros 1-12 (année 2018), septembre 2019, 210 p. – prix libre
Recueil, comme son titre l’indique, des douze premiers numéros couvrant l’année 2018, de ce bulletin sous forme de petit livre. On pourra aussi trouver à la bibliothèque les différents numéros qui sortent tous les 15 de chaque mois, et notamment les derniers de juin à octobre 2019.