Samedi 11 janvier 2025 à 17h
4 décembre 2024, Luigi Mangione assassine Brian Thompson, le PDG de United Health
S’il est déjà exceptionnel qu’un haut dirigeant soit assassiné en raison de ses responsabilités en tant que dirigeant, il l’est d’autant plus que cet assassinat soit justifié, défendu et vivement valorisé par de vastes couches de la population. C’est pourtant ce qui a lieu depuis le 4 décembre dernier aux Etats-Unis, quand au petit matin Luigi Mangione a abattu de quatre balles Brian Thompson, le PDG de UnitedHealth. Entre geste de révolte individuelle et assassinat politique, vengeance personnelle et œuvre d’un justicier, cette action d’une « brutale honnêteté » comme il l’a qualifié lui-même, ne se laisse pas aisément classer. Malgré l’acharnement des garants de l’ordre établi à neutraliser la portée de cet homicide, nous sommes convaincu qu’un acte aussi juste – et vécu comme telle par une importante partie de la population – et réalisé de telle manière à être bien compris pour ce qu’il est, trouve des échos et provoquera des répercussions indélébiles. Nous aimerions alors discuter afin d’échanger et d’affiner nos compréhensions d’un tel événement et des conséquences qu’il entraîne dans un contexte, celui américain, qui ne nous est pas familier. Et au-delà de ça, pourquoi pas remonter le fil de la guerre sociale en général et de l’histoire du mouvement anarchiste en particulier, à la rencontre des multiples « attentats individuels » ayant bouleversé leur époque, et en profiter pour discuter de certaines vieilles questions d’actualité comme celle de la violence ou du lien entre action individuelle et conflictualité sociale. Nous conseillons entre autre la lecture du texte « Si ça valait pour Monza, ça vaut pour Manhattan », disponible à la bibliothèque et aussi ici
Jeudi 16 janvier 2025 à 19h
Discussion à partir du texte « Un élément perturbateur »
Extrait :
« L’affinité est un fort antidote face à l’illusion quantitative et à la fascination pour la prétendue efficacité de l’organisation structurée selon un programme ou une façon rigide d’agir, de masse ou pas, armée ou pas. Elle repose, en effet, sur une toute autre appréciation de la notion de force. Bien plus que quantitative ou technique, elle est orientée vers la qualité. Des compagnons, même à peu nombreux, qui se connaissent réciproquement, qui ont élaboré un projet d’attaque ensemble, qui se donnent les moyens pour tenter de le réaliser, sont en effet capables de choses inimaginables aux yeux du bureaucrate du mouvement qui reste toujours fidèle aux chiffres, comme elles le sont souvent aussi pour le compagnon qui a intégré une organisation combattante fermée, qui induit, dans la majorité des cas et par la force des choses, une façon de faire qui devient fatalement rigide.
Enfin, l’affinité, c’est aussi l’élément perturbateur, méfiée (suspect), repoussé et calomnié par les aspirants-bergers des partis historiques et du mouvement libertaire, parce qu’elle va toujours contre les tentatives d’hégémonie et d’unification par le nivellement et l’adhésion. Les affinités font naître autant d’univers, un véritable archipel, elles sont la base d’un mouvement anarchiste informel et autonome, bouillant comme un magma incontrôlable. »
Le texte est disponible à la bibliothèque en format brochure et ici. Pour approfondir la question, nous conseillons la lecture de « Archipel. Affinité, organisation informelle et projets insurrectionnels » également disponible à la bibli et là, ainsi que du petit cahier « Affinité et organisation informelle » (Hourriya, n°2, mai 2016)
Jeudi 30 janvier 2025 à 19h
Rencontre autour du squat Evangelismos en Crète
Dans la ville d’Héraklion, le squat Evangelismos, depuis le debut des années 2000, est un lieu de rencontre, d’organisation et de lutte : « Contre le racisme, le fascisme et le patriarcat. Contre l’État et le capital ». De passage à Paris, des membres des différents collectifs du squat seront présents à la bibli pour parler de l’évacuation en 2023 et de sa réoccupation, de leurs actions et plus largement, de ce lieu emblématique.
Jeudi 6 février 2025 à 19h
Causerie : Switch off, interventions radicales contre la destruction de la planète
Il y a deux ans en Allemagne, au cœur d’un des pays les plus riches d’Europe, au cœur d’un des pays à la responsabilité écrasante dans la dévastation de la planète, au cœur d’un territoire où l’État élabore sans cesse de nouveaux projets de transition capitaliste et énergétique, était lancé un appel à la révolte nommé « Switch off ».
Rédigé conjointement par des autonomes et par des anarchistes, cette initiative souhaitait rien moins que relancer avec force « la quête commune d’une véritable rupture révolutionnaire et de la liberté pour toutes et tous », en se concentrant sur l’attaque des structures qui profitent de la destruction de la terre et de la misère sociale qui en découle. Très clairement, cette proposition était de refuser « de placer des espoirs dans les grandes organisations, qui jouent toutes le jeu du pouvoir et du spectacle », ou encore dans la composition avec la gauche du capital et de l’État devrait-on rajouter de ce côté-ci du Rhin, en misant plutôt sur la multiplication de petits groupes agiles issus des nombreuses luttes de ces dernières années sur la question de l’environnement et du climat.
Une année plus tard, en avril 2024, un important recueil a été publié directement sur le site de « switch off! », reprenant l’ensemble des attaques réalisées sur le territoire allemand (mais pas que) ainsi que les nombreuses réflexions qui en découlent. Aussi bien contre l’industrie fossile, celles du béton, de l’automobile, de la guerre et de l’aérospatial, que contre les éoliennes du capitalisme vert, des pylônes électriques et des antennes-relais ; autant contre l’infrastructure du rail et les chantiers d’autoroutes qu’en défense des forêts occupées, ou contre le patriarcat et le néocolonialisme du Tren Maya au Mexique.
Ce recueil est désormais disponible en français depuis quelques mois, et nous proposons d’en discuter entre lecteurs et lectrices le 6 février prochain. Placés sous les auspices du sabotage du système étatiste, patriarcal et colonial, ces textes ont en effet certainement de quoi alimenter nos agir et nos perspectives ici aussi. Notamment, et pour reprendre leurs propres mots, parce que l’initiative Switch off « vise d’une part non seulement le « vieux » système capitaliste, mais aussi sa nouvelle offensive d’innovation « verte » dans son ensemble, ainsi que les facettes « alternatives » de la dévastation de la terre, encore considérées dans certaines parties du mouvement pour le climat et l’environnement comme une issue de secours à l’actuelle situation d’urgence. Et d’autre part [parce qu’elle] rejette non seulement toutes les offres et pseudo-solutions étatiques, mais aussi la collaboration avec le système en place en tant que telle. »
Le recueil est disponible à la bibliothèque Libertad ou ici en ligne & sa lecture est vivement recommandée en vue de la causerie : Switch off! Interventions radicales contre la destruction de la planète, traduit de l’allemand en septembre 2024, 80 pages A4
Vendredi 14 février à 19h
Que nous promet la « transition énergétique » ?
La destruction de la diversité du vivant de pair avec l’emprise industrielle ne cessent de s’approfondir. Une dégradation des conditions de vie qui résulte de l’assujettissement des humains à l’État et au travail. L’impact d’un ou deux siècles de production effrénée prend une ampleur telle que les promoteurs du désastre doivent prendre en compte les conséquences encore inimaginables à long terme du changement climatique pour continuer leurs méfaits.
Les énergies fossiles, principales responsables de cette déstabilisation inédite et dont l’exploitation a aussi des limites, seraient vouées à être remplacées via une transition énergétique. Mais que vaut cette promesse tant ces énergies sont le socle du fameux progrès qui tend à s’imposer désormais à la planète entière ? Serait-elle plutôt le nom d’une énième fuite en avant sous vernis « écologique » ?
Qu’on soit tenté de considérer la prétendue transition énergétique seulement comme une chimère nécessaire pour maintenir la croyance que tout peut continuer avec de la bonne volonté sa réalisation n’est cependant pas sans conséquence. Le développement de nouvelles infrastructures et de nouvelles dépendances à des ressources plus rares en passant par la réorganisation de secteurs de l’économie ou de sa trop lente mise en œuvre pour les uns et de son incapacité à résoudre quoi que ce soit pour les autres amènent son lot de conflits et de luttes en cours ou à venir. Autant d’axes et de perspectives que nous pourrons discuter.