Nous n’avons pas fini de prendre la mesure de ce que l’irruption d’un virus comme le covid-19 aura comme conséquences dans nos vies. Toujours est-il que nous vivons sous une autorité qui ne voit que des masses à gérer, en fonction de courbes prévisionnelles, selon des critères qui lui appartiennent. Qu’elle soit en blouse blanche, en uniforme, en costard, l’autorité se reconnait toujours par la dépossession, la morale et la répression qu’elle génère. Déjà presque deux mois se sont écoulés depuis que l’état d’urgence a été décrété. La santé dite publique n’est qu’une déclinaison de la question du maintien de l’ordre. L’injonction au confinement, à « rester chez soi pour sauver des vies », est passée comme une lettre à la poste. Sans se plier aux ordres étatiques à « s’enfermer et attendre que ça passe » et à toute considération gestionnaire qui nie nos vécus, tous différents, vis-à-vis de la maladie ou de la mort, comment continuer à œuvrer pour un monde où chacun-e est autonome, autant que possible, et cultive des liens de réciprocité ?
Sous confinement, les lieux d’enfermement et la routine de la domination deviennent toujours plus insupportables pour certain-e-s ; des révoltes s’embrasent dans des prisons, des émeutes éclatent suite à des opérations de police, des réfractaires aux attestations sont mis sous écrou, de nombreux sabotages des structures de la domination et du capital ne cessent d’avoir lieu. La guerre sociale et la lutte contre toute forme d’autorité ne peut connaitre de pause : continuer à identifier ce qui nous oppresse et à s’y attaquer constituent un ensemble d’efforts à mener et de chemins à se tracer quelque soit la situation. Une tension qui trace le fil noir de la lutte anarchiste et qui, malgré le contrôle social, technologique et sanitaire accru, reste éperdument à vivifier. Mais cette constance de la révolte et du conflit ne signifie pas aller à l’aveuglette, dans l’absence de toute perspective. Voilà pourquoi on propose un moment pour confronter et approfondir nos analyses de la situation. Une occasion aussi de venir prendre ou consulter des écrits anarchistes, contributions récentes ou pas, mais toujours d’actualité dans la lutte pour la liberté.
P.-S. Si le temps le permet, et que nous en avons envie, nous pourrons nous réunir dehors, où nous pourrons choisir à quelle distance nous souhaitons nous tenir les un-e-s des autres !