Un micro de flics trouvé à la bibliothèque anarchiste Libertad

Coucou à toutes et tous,

Bien que mes concepteurs m’aient pompeusement baptisée « RISO comcolor 7050 » en sortie d’usine, je suis plus connue sous le nom d’imprimante-photocopieuse de la bibliothèque anarchiste Libertad. Mon déménagement loin de la sale gueule des spéculateurs immobiliers qui m’employaient initialement me procura il y a deux ans un brin d’ivresse : adieu factures, quittances de loyer et autres dépliants publicitaires à reproduire… et que vivent les idées subversives ! Imaginez un peu si j’avais dû finir mes jours dans une énième succursale de la domination, à imprimer d’indigestes mémoires universitaires ou d’insipides pétitions démocrates adressées au pouvoir. Bref, dans cette bibli de Belleville, ce sont plutôt affiches, tracts, journaux, brochures et autres joyeusetés anti-autoritaires qui ont commencé à défiler sous mes yeux à un rythme saccadé, quand je ne roupillais pas pépère dans mon coin au milieu de livres et de discussions enflammées contre ce vieux monde.
Jusqu’à ce bel après-midi de printemps…

Mardi 29 mars 2022, après avoir retiré une quinzaine de vis pour enlever plusieurs carters et accéder enfin à mes entrailles, des esprits curieux se sont en effet soudain retrouvés nez à nez avec un petit voyant rouge. Alors qu’ils tentaient pour la énième fois de résoudre une panne récurrente, c’est sur un dispositif d’écoute bien planqué qu’ils sont tombés. J’ignore depuis combien de temps il se trouvait là, mais toujours est-il que les larbins policiers ont au moins dû entrer dans la bibliothèque quand il n’y avait personne, avant de choisir mon bide pour le dissimuler et y faire un peu de bricolage. Pour cela, ils ont directement soudé deux câbles à ma prise d’alimentation, qu’ils ont ensuite relié à un transformateur (220v/12v), lui-même connecté à un petit boîtier contenant une carte routeur RB800 modifiée, une batterie, une carte micro SD de 64 Go, une carte sim Orange… d’où dépassaient une antenne et deux micros (gauche et droite), fixés au plus proche des fentes donnant vers l’extérieur. L’imposante stature de ma carcasse l’empêchant de partir en vadrouille, ils n’ont par contre pas jugé nécessaire de me rajouter un GPS, bien que la connectique soit présente à l’intérieur du boîtier. Enfin, suite à une petite autopsie, il s’avère que ce dispositif a été fabriqué par l’un des fournisseurs de différents services de renseignement : Innova, implanté à Trieste (Italie)*.

Quant au fond, il n’y a rien d’étonnant à ce que celles et ceux qui entendent détruire toute autorité fassent l’objet des attentions indiscrètes de l’État, que ce soit dans des bibliothèques ou des domiciles, des véhicules ou via les téléphones portables, dans le cadre d’enquêtes judiciaires comme de besogneuses « notes blanches » des services de renseignement. Même si c’est plus largement tout individu qui ne file pas droit qui peut entrer dans son collimateur. Ce n’est ainsi ni la première ni la dernière fois que les unes et les autres dénicheront ici ou là de tels dispositifs de surveillance.

Continuer à défendre et à diffuser ses idées subversives sans tomber dans la paranoïa, tout en trouvant des manières d’approfondir des relations affinitaires loin de tout appareillage électronique reste encore et toujours un défi. Quant à rendre publique cette découverte afin qu’elle puisse être utile à tous –selon les bons conseils que nous a immédiatement prodigués notre amie Riso–, cela nous semble le minimum à faire dans ce genre de cas.

Quelques participantes et participants
à la bibliothèque anarchiste Libertad
19 rue Burnouf – 75019 Paris
Permanences tous les mardis de 17h à 20h

* Voir ici : https://earsandeyes.noblogs.org/innova/

PS : on trouvera ci-joint l’ensemble des photos du dispositif-espion, ainsi que la fiche technique du RB800.

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Discussion « Après avoir tout brûlé » le 15 mars à libertad

Présentation et discussion, avec un compagnon des états-unis, autour de la dernière décennie de luttes là-bas, et plus spécifiquement autour du soulèvement de 2020 à Minneapolis après l’assassinat de George Floyd et une révolte en prison à St Louis. Le mardi 15 mars à 19h à la bibliotheque Libertad, 19 rue burnouf 75019 Paris

Les conséquences d’un soulèvement peuvent parfois être plus dévastatrices qu’avant le soulèvement. La rapidité avec laquelle tout est remis en place après l’explosion est décourageante. Les inévitables réformes en réponse agissent d’une manière à nous retrancher dans les impositions quotidiennes d’avant – celle du travail salarié, du loyer,
de la racialisation et d’autres indignités personnelles difficiles à définir de la vie sous le Capital.

Si un soulèvement ne peut pas être immédiatement nié, il est récupéré et utilisé pour construire des impasses plus fortes contre celui-lui, par ceux et celles qui contribuent à créer les conditions pour le soulèvement en premier lieu. C’est une trahison surréaliste de regarder un beau et vaste moment indéfinissable qu’on a vécu devenir rapidement un récit historique défini, écrit à la fois par les ennemis et les partisans du soulèvement. La beauté et l’horreur de tout cela sont écrites dans la pierre et dépassées par celles et ceux qui cherchent le pouvoir et l’héritage.

Comment réagissons nous, qui désirons un changement explosif, de manière personnelle et collective lorsque l’histoire et la récupération nous passent au bulldozer ? À l’heure des tweets rapides, des théories du complot et des prises de position à chaud, est-il possible de ralentir ? Est-il possible de s’engager dans des explorations plus profondes en dehors de la discorde alambiquée de l’Internet, où nous ne perdons pas la tête ? Mais aussi, comment faire pour ne pas être bloqué.e dans le passé, en repassant les moments qui nous ont inspirés mais aussi épuisés et traumatisés ? Comment lutter contre la rancœur qui peut naître après avoir « tout brûlé » ?

Qu’est-ce qu’un soulèvement ? Est-il dangereux ? Est-ce que cela remet parfois en question nos propres fondements et aspirations en tant qu’anarchistes ? Est-il la culmination des révoltes subtiles et apparentes dans nos vies quotidiennes contre ce qui cherche à nous réprimer et nous opprimer ? Y a-t-il un moyen d’aller au-delà d’une sorte de romantisme qui glorifie l’émeute, l’incendie, la bagarre avec la police, qui occulte les questions difficiles d’un soulèvement sans tomber sans tomber dans les griffes d’un récit de la police ou des ONG ?

Retrouvons-nous Mardi 15 mars à 19h à la bibliotheque libertad, 19 rue
Burnouf 75019 Paris pour discuter de tout cela ! A vous y voir !

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lundi 25 octobre à 18h30 : Expo « Meilleurs souvenirs des mines »,

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On vous invite, lundi 25 octobre à 18h30 à la bibliothèque Libertad, pour voir l’exposition « Meilleurs souvenirs des mines », préparée par Rature et Progrès. L’accrochage de cette série de photographies, prises en 2019-2021 et illustrant les ravages des … Continuer la lecture

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Lundi 13 septembre 2021, 18h30 : Discussion à propos du pass sanitaire

        Il ne fait aucun doute que le « pass » est une mesure policière, afin de garantir la bonne marche de la normalité. Les justifications moralistes ne cachent absolument pas la mesure autoritaire, ce n’est pas pour pour le « bien » de tou-tes, mais pour permettre à la domination de continuer sa course folle.

Depuis l’annonce présidentielle, de nombreuses personnes s’y sont opposées, en manif, en s’attaquant aux centres de vaccination, boycottant voire attaquant les lieux qui mettent en place le pass.

Cependant, même si tout refus d’un ordre porte en soi un germe de révolte, on ne peut faire l’impasse sur les perspectives autoritaires notamment complotistes, antisémites, nationalistes de nombreux organisateurs et de certain-es participant-es a ces manifestations.

Il n’est pas question d’appeler à rester chez soi en attendant que la tempête passe, mais bien de réfléchir à comment, en idées et en actes, exprimer un refus qui ne soit pas celui d’un rapport libéral à la liberté, d’un droit à la consommation, d’un repli derrière des frontières, mais celui d’une liberté démesurée, où personne ne commande, ne gère ni ne surveille.

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Vendredi 15 janvier 2021 à 18h : Discussion autour de la brochure “Ma randonnée sans balise, au croisement des critiques de genre, de sexualité et de technologie”

        Discussion autour de la brochure “Ma randonnée sans balise, au croisement des critiques de genre, de sexualité et de technologie” (publiée chez breakdown edition), en présence de l’auteur.

        Une réflexion à la première personne où l’auteur partage ses aspirations en mettant notamment en dialogue différents points de vue pouvant être inspirants mais qui demeurent inconciliables. Des critiques partielles de la domination qui soit, pour les unes, prônent la technologie comme moyen privilégié pour en finir avec le genre ou soit, pour les autres, en viennent à réaffirmer la conformité au modèle patriarcal comme seul rempart face à l’emprise techno-industrielle. Des perspectives qui ne peuvent satisfaire celles et ceux qui, comme l’auteur, veulent s’attaquer à toute forme d’autorité et de norme. Une brochure qui se passe de main en main ou en distro et qui est disponible à la bibliothèque. Extraits :

 

 » {…} J’aimerais savoir m’extirper des normes de genre, des assignations qui me sont faites, mais je ne conçois pas de dépendre du système médical et de la pharmaco-industrie pour y parvenir. Trop de mutilations, trop de cobayes, trop d’internements, trop de meurtres. Il n’est pas question que je jouisse de ces pratiques mortifères, que j’y trouve mon compte. {…}
Autour de moi, il y a pas mal de personnes ouvertement critiques de la technologie d’une part et du genre par ailleurs, mais quand il s’agit d’imbriquer ces deux critiques il se passe un truc bizarre. Tout à coup la critique se fait plus douce, moins incisive. La bienveillance semble prendre le pas sur la cohérence. {…} Il y aurait les bonnes technologies qui émancipent, et les mauvaises technologies qui oppriment. Une même technologie pouvant être un coup émancipatrice, un coup oppressive. Il y
aurait des bonnes lois et des mauvaises lois. Une absence d’égalité de droit serait une injustice à combattre nécessairement.
Moi, je ne suis plus d’accord avec tout ça, et j’ai envie que ce soit un sujet comme un autre. Qu’on puisse avoir des avis différents, des conflits et des discussions animées sur le sujet au besoin. Qu’on se laisse influencer par les idées et les pratiques des autres. Qu’on s’empêche pas de brasser ça parce qu’il s’agirait d’un terrain glissant. Que cesse de planer l’exclusion sociale pour trans/lesbo/homophobie au-dessus de chaque personne qui émet un avis dissident à la bien-pensance LGBT libérale.
Ce croisement entre critique de genre et de technologie m’apparait être un noeud. Un angle mort. Pourtant il est loin d’être un impensé dans ma vie. Alors si je me mets à écrire, c’est pour ne plus penser seul. Pour démêler mes idées, mes tensions, mes rejets, mes tendances moralisantes et m’ouvrir aux critiques. Pour faire qu’échanger là-autour deviennent plus courant autour de moi. Que s’ébrêche la petite zone de confort, qui consiste à ne pas se confronter individuellement et collectivement à tout ça. Parce que de fait, le genre et la technologie sont partout. »

invit 15 janvier

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