Jeudi 3 septembre 2020 à 19h :
Causerie autour du roman épistolaire Lettres d’insurgé-e-s
A l’occasion de la sortie du premier volume de la traduction des Lettres d’insurgé.e.s de Sophia Nachalo & Yarostan Vochek regroupant les dix premiers chapitres du roman attribué à Fredy Perlman (ed. Bus Stop Press (Marseille), 456 p.), causerie en présence d’un compagnon qui y a contribué.
Ce roman est un échange de vingt lettres, dont les dix premières sont à présent disponibles en français. Il est fait d’allers et retours entre deux personnes qui ont autrefois participé ensemble à un soulèvement et une occupation d’usine. Séparé.e.s par la répression et des frontières pendant 20 ans, leur conversation reprend par une critique sévère de leurs choix de vies réciproques, ainsi que de leurs interprétation divergentes de l’événement qu’illes ont partagé. S’en suit une longue discussion sur l’implication individuelle dans des mouvements collectifs, la désillusion dans le fait « politique » et la récupération, mais aussi sur les écueils de la création d’alternatives.
Sans mention de date ni de lieu, et publié pour la première fois en 1976 à Détroit aux États-Unis, le livre s’adresse à des personnes ayant perdu des illusions sur la possibilité d’un changement immédiat, sans pour autant pouvoir se résigner au conformisme ni s’empêcher de le désirer encore, avec une certaine ambivalence sur la question de l’espoir, qu’il soit passif ou non. De nature composite, le roman a été fortement inspiré de « personnages » véritables et de « faits historiques » correspondant pêle-mêle à la libération du nazisme et l’invasion par l’URSS de l’Europe de l’Est, les « coup » et « printemps » de Prague, l’insurrection hongroise de 1956, la déstalinisation, le maccarthysme et les émeutes de 1967 à Détroit.